QUAND LA CORSE SE MET À CHANTER...

Impossible de se rendre en Corse sans entendre ses célèbres polyphonies. Inscrites dans la culture corse, les polyphonies ne sont pas un simple chant, elles racontent une histoire et entretiennent la mémoire… 


L’origine des chants polyphoniques


Les chants polyphoniques remontent du temps où les bergers chantaient des paghjelle en montagne. Ils racontaient, à travers ces chants leur quotidien. Plus tard, ces chants sont devenus une façon de transmettre les traditions, l’histoire ainsi que la culture corse. Chaque période de la vie, depuis la naissance jusqu’à la mort, détient son propre chant qu’il soit profane ou sacré. C’est pourquoi les polyphonies sont aussi bien capables d’exprimer la joie que les tourments… La polyphonie a aussi un rôle d’union. Dans la tradition, ce sont trois voix qui composent le chant polyphonique. 

Un petit cours de chant ?


Le chant traditionnel corse le plus répandu est la paghjella : chant au caractère profane à trois voix qui véhiculent une émotion toute particulière. L'étymologie du mot Paghjella (prononcez "padiella") nous indique que Paghja signifie paire: ce chant (ou poème) se compose donc de vers par paires. Depuis 2009, la paghjella est inscrite au Patrimoine immatériel de l’UNESCO.

Parmi le chœur de la paghjella, on peut distinguer :
- «  U Bassu » soit la basse
- «  A Siconda » soit le baryton
- « A Terza » soit la tierce

Un peu de technique… C’est le baryton qui mène la danse que la basse vient appuyer et aggraver alors que la tierce révèle des ornements dits « ribuccati ». C’est l’alliance de ce trio qui donne naissance à la magie de ce chant si particulier qui nous fait imaginer une voix additionnelle. Cette voix imaginaire est en fait à l’origine des vibrations des chanteurs ! 

Je vais, à présent, élucider l’une de ses questions que vous vous posez tous : Pourquoi les chanteurs corses se « bouchent-ils » l’oreille avec la main ? 
Ils font cela afin d’atténuer la présence de leurs voisins et ainsi se concentrer d’avantage sur leur propre thème ! La main contre l'oreille forme un creux, cela permet au chanteur d'avoir un retour du son, et de pouvoir vérifier que ses harmoniques sont justes. 

Il existe, au delà de la paghjella, une autre forme de chant corse populaire très appréciée du public : le chjama è rispondi (appel et réponse)  qui fait appel uniquement aux talents d’improvisation des chanteurs. On distingue de nombreuses autres formes qui se caractérisent par leurs différents aspects techniques notamment : le Lamentu, le Madricale, les Terzetti…

Si vous souhaitez en savoir plus et pourquoi ne pas apprendre la polyphonie corse, je vous invite vivement à consulter les précieux conseils de Carole à ce sujet : http://racines-corses.fr/polyphonie/apprendre-la-polyphonie-corse/





Discographie


Bon à savoir : le chant polyphonique le plus connu de tous « Dio vi salvi Regina » (Dieu vous garde Reine), prière faite à la Vierge Marie, est devenu l’hymne corse depuis 1735 !

Si vous ne les connaissez pas encore, laissez-vous transporter à travers l’un de ces groupes polyphoniques…
- Canta U Populu Corsu
- I Muvrini
- A Filetta
- Voce Ventu
- Barbara Furtuna
- Le chœur de Sartène… Et bien d’autres…

N’hésitez pas d’ailleurs si vous avez des suggestions d’artistes, de titres à nous faire ;-) 

Les chants corses ne cessent d’évoluer au fil du temps et continuent à révéler les plus beaux secrets insulaires. Si de nouveaux groupes continuent à faire leur apparition, les polyphonies inspirent aussi bien les artistes d’hier et d' aujourd’hui. Un récent album rend d’ailleurs hommage à la langue corse et réunit sur chacun de ses titres un artiste corse et un artiste du continent. « Mezu Mezu » (moitié moitié) est un album aux sonorités modernes sur les plus belles chansons dédiées à l’île de Beauté… À écouter sans modération !


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